Crise : le terme de crise provient du grec krisis et désigne une tension et un conflit nécessitant une décision irrévocable et immédiate – en d’autres termes, une césure historique et temporelle. Dès la fin du XVIIIᵉ siècle, la crise devient un concept central en histoire et dans les sciences sociales et économiques, expliquant les ruptures et les cycles. Elle s’opposerait à un état d’équilibre initial et harmonieux (qui, à partir de l’industrialisation, correspond à une croissance régulière) auquel elle mettrait fin. À ce titre, elle serait révélatrice de défaillances internes non visibles, mais aussi source de régénération. Le terme désigne aujourd’hui communément, dans les sciences sociales, un choc brutal et systémique. La crise de 1929 apparaît ainsi comme la première crise économique mondiale par son caractère global, systémique et ses implications multiples (politiques, sociales, culturelles).
État social, État providence, État interventionniste : ces termes désignent à partir de la fin du XIXᵉ siècle un État qui se fixerait comme but d’améliorer les conditions matérielles de vie et d’existence de ses citoyens. Ainsi, les premières lois sociales dans l’Empire allemand sous Bismarck (protection sociale contre les risques : vieillesse, accidents, maladies) sont considérées comme les prémisses d’un État protecteur des plus faibles, menant une « bonne politique » telle que la réclamaient les philosophes des Lumières. Dans la première moitié du XXᵉ siècle, ces termes désignent une voie médiane entre un État communiste contrôlant les moyens de production et un État libéral laissant aux acteurs économiques et sociaux le soin de réguler les rapports de production. Le New Deal constitue à ce titre l’expérience d’État social ou providence la plus aboutie à la veille de la Seconde Guerre mondiale dans des régimes de démocratie libérale. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, l’État providence (Welfare State) devient un des buts de guerre des démocraties contre le nazisme (à l’exemple du programme du CNR en France ou du plan Beveridge au Royaume-Uni).
Totalitarismes : ce concept vise à comparer l’idéologie (-isme) national-socialiste en Allemagne, fasciste en Italie et communiste ou bolchévique en URSS. Le terme rejoint celui de « régime totalitaire » qui analyse les structures étatiques et sociales au sein de ces trois États, lorsque ces mouvements étaient au pouvoir. Les points communs essentiels identifiés entre les trois régimes et idéologies sont les suivants :
Ce concept demeure pourtant largement débattu :
Le terme de totalitarisme peut aussi se comprendre comme un modèle autoritaire, radical et exclusif de construction de l’État, en opposition aux démocraties libérales, à un moment historique donné, c’est-à-dire les années 1930-1945.
Guerre d’anéantissement : cette notion a été pensée par l’historiographie allemande (Vernichtungskrieg) pour décrire une guerre visant la destruction totale de l’ennemi (que ce soit l’État, la société, la « race »). Ce concept s’inscrit dans une histoire longue pour saisir les violences extrêmes et génocidaires commises par le régime national-socialiste. Elle inclut ce que l’historien Raoul Hilberg a qualifié de « destruction des juifs d’Europe » et la notion de « Shoah » qui inclue le génocide mais aussi l’histoire de sa mémoire. Elle cherche aussi à s’extraire d’une terminologie juridique – que ce soit le concept de « génocide » inventé par Raphaël Lemkin en 1943 ou celui de « crime contre l’humanité » employé à l’occasion du procès de Nuremberg en 1945-1946. En évitant le langage nazi de l’animalisation (comme le terme d’« extermination »), la guerre d’anéantissement propose une lecture incluant la préparation et la préméditation des crimes perpétrés, la prise en compte des multiples victimes cibles du régime nazi (juifs, tsiganes, prisonniers de guerre, civils) justifiées par la vision du monde (Weltanschauung) raciale et sociale-darwiniste du nazisme, tout comme toute l’étendue des violences extrêmes commises (chambres ou camions à gaz, famine, déportation, assassinats par balle, bombardements, etc.) par un ensemble d’acteurs (les Einsatzgruppen, SS ou Waffen-SS, mais aussi l’armée, la police de l’ordre, les organisations et entreprises chargées de la colonisation de l’Est, etc.). La guerre d’anéantissement décrit le moyen de mener une guerre pour détruire l’ennemi et le faire disparaître au sens physique, symbolique et mémoriel.
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